L'Amue formalisera un « plan stratégique » à l'automne « pour mener de front l'ensemble des sujets considérés comme importants », suite à des études réalisées par le cabinet Deloitte pour définir les attentes et les besoins des établissements adhérents quant à l'évolution de l'offre logicielle et de services, a indiqué à AEF Claude Ronceray, directeur de l'Amue, mercredi 20 juillet 2011.

Ces études, permises par la convention signée entre la CPU, l'Amue et la CDC en novembre 2010, montrent en particulier que, parmi les besoins exprimés, sont « très fortement mises en avant les actions de mutualisation dans le domaine du soutien aux activités de la formation et de la recherche, devant les actions relatives aux fonctions support ».

AEF : Quels sont les premiers retours de l'étude sur l'évolution de l'offre logicielle et de services de l'Amue ?

Claude Ronceray : L'étude confiée au cabinet Deloitte par l'Amue, la CPU et la CDC a été lancée en février-mars. Beaucoup d'adhérents ont été sollicités, du président d'université au DSI, en passant par les directeurs fonctionnels, etc. Les retours font apparaître un changement des besoins exprimés, avec très fortement mises en avant les actions de mutualisation dans le domaine du soutien aux activités de la formation et de la recherche, devant les actions relatives aux fonctions support. Il apparaît également un accroissement du besoin autour des systèmes d'information, sur les aspects de production logicielle mais également d'accompagnement. Enfin, la formation des personnels ressort comme un axe prioritaire, qui concerne non seulement les équipes de direction mais aussi les cadres et agents intermédiaires qui sont sollicités maintenant bien au-delà - et différemment - de ce qu'ils faisaient avant l'arrivée des RCE. C'est un changement quantitatif et qualitatif de leur métier et un accompagnement sur ces transformations est fortement souhaité. Le benchmark des opérateurs de mutualisation montre ainsi que dans le domaine de la santé par exemple, les établissements mutualisent en premier sur ces aspects de formation, pour des raisons de recherche d'économie mais aussi d'efficacité en partageant les expériences.

AEF : Qu'en est-il des chantiers autour des systèmes d'information ?

Claude Ronceray : Les SI correspondent à un domaine historique d'intervention de l'Amue, sur lequel nous sommes toujours attendus, mais qui est complètement transformé : les établissements demandent une action davantage systématique, pour avoir des systèmes interopérables et cohérents capables de les aider à dégager des marges de manoeuvre. Cette approche se décline à toutes les échelles, du PRES au laboratoire, pour réunir, mettre en cohérence et interpréter les informations disponibles. Les PRES sont particulièrement confrontés à des besoins de consolidation d'activité, et beaucoup se mobilisent pour élaborer des stratégies propres de systèmes d'information, intégrant des données et des outils hétérogènes. Les procédures de fusion des universités sont assez complexes, difficiles, et donc l'attente d'un accompagnement opérationnel est très importante. Les problématiques de coûts font également partie des motivations, et les établissements attendent de la mutualisation la capacité à réaliser des économies. La compétition des établissements peut se conjuguer avec la mutualisation de certaines fonctions de back office, sans relation directe avec les usagers, comme cela se fait dans le secteur des banques, des assurances, de l'automobile, où des structures ouvertement en compétition ont mis en commun des outils pour diminuer les coûts.

AEF : Au niveau de la recherche, où en sont les projets communs avec les EPST ?

Claude Ronceray : Dans le domaine des systèmes d'information, les établissements semblent attendre de l'Amue qu'elle intervienne à l'aide d'outils communs pour les universités mais aussi avec les EPST. Une démarche commune CPU-Amue-CNRS a été initiée et de nombreux établissements y participent (AEF n°147465). Plusieurs chantiers prioritaires ont été identifiés afin d'aider les chercheurs à accéder à l'information de la façon la plus simple possible, et à rendre compte de leur activité, par exemple pour les évaluations de l'Aeres.

AEF : Au final, quand sera présenté le nouveau plan stratégique de l'Amue ?

Claude Ronceray : Le plan stratégique sera formalisé à l'automne pour mener de front l'ensemble des sujets considérés comme importants par nos adhérents. L'Amue qui se dessine devra être plus proche de ses adhérents, y compris au sens matériel. Nous avons donc intérêt à encourager des formes de mutualisation par grandes régions, et, si on nous le demande, à les accompagner. Ce plan doit aussi préciser ce que l'État attend de l'Amue, et à quel niveau il souhaite que la mutualisation entre établissements d'enseignement supérieur et organismes de recherche se réalise. Nous avons étudié pas mal d'exemples de mutualisation à l'étranger, et il en ressort que si l'État considère comme un intérêt général rentable pour les finances publiques de mutualiser davantage, alors il faut un dispositif incitatif. Plusieurs modèles existent ailleurs, avec par exemple au Royaume-Uni un processus de financement quasiment à 100 % de l'innovation pour la faire arriver le plus vite possible dans les universités. Cela fait l'objet d'un financement public important, un peu comme le fait l'ANR sur la recherche, les bénéficiaires, peu nombreux, de l'aide publique devant ensuite faciliter la diffusion des expérimentations. Un autre axe pourrait être l'accompagnement des personnels, car les ministères chargés de l'enseignement supérieur ont depuis longtemps sous investi dans la formation des personnels : l'État pourrait encourager, par exemple à l'occasion des contrats, la montée en charge de l'effort mutualisé de formation des personnels, pour les aider à aller plus vite dans les processus de transformation et d'intégration de l'innovation.

AEF : Le contexte de restriction budgétaire des établissements pose-t-il problème pour le numérique ?

Claude Ronceray : Si les ressources stagnent ou diminuent, les établissements seront intéressés par une mutualisation rapide pour réduire les coûts mais ils seront également tentés de réduire les dépenses d'investissement. On ressent déjà un vrai risque que les établissements ne perçoivent pas les investissements dans les TIC comme prioritaires et coupent dans les budgets consacrés aux systèmes d'information. Pourtant, l'ensemble des coûts pour un établissement qui prendrait tous les produits de l'Amue représente en moyenne 3 % de la masse salariale des informaticiens. La part des budgets actuellement consacrée à des dépenses mutualisées est très faible, mais la sensibilité au prix est forte et si ce coût est doublé les établissements auront beaucoup de mal à payer. Il nous faut donc réaliser une pédagogie des coûts complets, qui ne sont pas assez connus dans le supérieur et la recherche.

AEF : Quelles sont vos relations avec l'association Cocktail (AEF n°131788) ?

Claude Ronceray : Les adhérents de l'Amue utilisent des produits d'autres éditeurs, de Cocktail notamment. Nous devons être ouverts à l'ensemble de ces solutions et aider à leur mise en qualité. Nous constatons que les établissements sont un peu démunis par rapport aux fournisseurs privés, il leur faut davantage de documentation et des produits mieux intégrés, plus adaptés, plus ergonomiques. Clairement, les établissements veulent faire fonctionner ensemble des solutions logicielles de l'Amue, de Cocktail, d'éditeurs privés, issues de développements internes. Il faut par exemple s'accorder sur des formats de données qui puissent être échangées, pour que les établissements puissent utiliser facilement les produits en place. C'est un travail de normalisation qui doit être considéré comme prioritaire.

Source : dépêche n°153390 "Amue : « Le nouveau plan stratégique sera formalisé à l'automne » (Claude Ronceray)", reproduite avec l’aimable autorisation de l’AEF.
www.aef.info.

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