Le mardi 14 juin 2011, le conseil d’administration de l'université Paris-7 Diderot a adopté un "plan d'action" pour l'égalité femmes-hommes. L’objectif : mettre en place une série d’action visant à tendre vers la parité chez les personnels universitaires et administratifs et à développer les études de "genre".

Rencontre avec Vincent Berger, président de l’université Paris Diderot et Laure Bonnaud, directrice du pôle égalité femmes/hommes.

 

1/ Quel état des lieux global de la parité hommes/femmes faites-vous dans les établissements d’enseignement supérieur aujourd’hui ?

Vincent Berger : L’enseignement supérieur est un reflet de la société. Si l’on regarde globalement la parité femmes hommes au sein des universités, on peut dire que celle-ci est respectée. Pour exemple, à Paris Diderot en 2009, 48,8% du personnel étaient des femmes et 51,2% des hommes.
Mais si l’on analyse les catégories professionnelles, nous voyons que les postes de personnels administratifs et techniques (Biatoss) sont majoritairement occupés par des femmes (62,4% femmes biatoss en 2009) alors que le corps des enseignants-chercheurs est à majorité masculin puisqu’on ne compte plus que 37,6% de femmes chez les enseignants-chercheurs. Il n’y a pas eu d’évolution constatée sur 10 ans. Nous pensons que ce déséquilibre prend probablement sa source dans les stéréotypes de métiers, dans le choix même des études que l’on envisage lorsque l’on est lycéen.

La poursuite d’études, le choix des études déterminent le paysage professionnel de l’enseignement supérieur aujourd’hui. En effet, le nombre de femmes chute entre le Master 2 et la Thèse. Quand bien même 40% des étudiant.e.s issus du M2 effectuent et soutiennent leur thèse en dehors de Paris Diderot, on observe sur la totalité des disciplines que 59,4% de femmes poursuivent en M2, alors que seules 54% de femmes s’inscrivent en thèse (inscription 2010-2011). C’est beaucoup plus marqué pour certaines disciplines. Ainsi en Mathématiques nous comptabilisons 31,3 % de femmes en M2, et 19,4% de femmes inscrites en thèse. En Sciences  Sociales nous constatons 73 % d’inscriptions féminines en Master2 et une chute à 57% en thèse. Mais de façon inattendue en informatique, les femmes comptent pour 15,8% en M2, et 19% en thèse.

Au choix des études, nous pouvons ajouter un véritable déséquilibre dans la longueur des études, selon que l’on est étudiant ou étudiante.

2/ L’université Paris Diderot a mis en place un plan d’action suite à l’adoption de la charte de 2009. Quelles seraient, selon vous, les premières actions à mettre en place au sein des établissements ?

Le Plan d’action voté par le Conseil d’Administration de Paris Diderot est composé de 18 mesures pour encourager l’équilibre des sexes dans l’université. Nous avons choisi d’intervenir dans un premier temps selon 4 grands axes, ou actions : la formation, les ressources humaines, l’écoute, et la parité dans les conseils.
La Formation et la sensibilisation des personnels et des étudiant.e.s aux questions de l’égalité et de la parité sont fondamentales. Nous pensons que c’est une des voies du changement et que cela impactera tant les pratiques professionnelles actuelles ou futures que relationnelles. Nous mettons en place un réseau de correspondant.e.s au sein de l’Université et proposerons une formation égalité en L1, L3, M2.

Notre politique des ressources humaines sera orientée de façon à veiller à ce que par exemple, existe une réelle rotation de la prise de responsabilités administratives entre les femmes et les hommes, que les comités de sélection étudient les dossiers en profondeur et considèrent également les différences de temporalité des carrières pour une femme ou un homme, que le congé maternité ne soit plus un obstacle à la progression de carrière. D’autre part, nous allons mettre en place pendant la prochaine année  une cellule de veille et d’écoute pour les personnels qui s’estiment victimes de discrimination et de harcèlement sexuel. De même, en relation avec le service médical, des permanences d’écoute seront proposées aux étudiants et étudiantes. 

Enfin, notre quatrième action sera de tendre à la parité dans tous les conseils de l’Université. Nous souhaitons inscrire cette question de la parité électorale dans nos statuts. Les listes de candidats pour les élections aux trois conseils centraux devront être composées d’hommes et de femmes en position alternée. Cela ne sera possible que si la loi LRU est modifiée. La Conférence des Présidents d’Université a voté une motion en ce sens, demandant au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche d’examiner la possibilité de modifier le décret électoral, suivant ainsi les recommandations du groupe égalité Femmes-Hommes que je coordonne au sein de la CPU.

3/ En octobre 2010 a été créé le pôle égalité Femmes-Hommes  (PEFH). Pouvez-vous nous en dire plus sur son fonctionnement, ses objectifs ?

Le plan d’action de l’Université pour une meilleure parité et égalité est issu du travail mené par le pôle égalité Femmes-Hommes et sa directrice Laure Bonnaud. Le pôle est en charge, en relation avec la Direction Générale des Services, d’initier et d’appliquer les mesures votées par le CA. Le pôle égalité Femmes-Hommes est un service de l’Université Paris Diderot, seul service central dans les Universités, mis en place pour traiter et agir sur cette question de l’égalité femmes hommes dans l’enseignement supérieur par la formation, la sensibilisation ou encore la proposition d’analyses statistiques. Sa création prend sa source dans la tradition des recherches sur le genre menées depuis longtemps à Paris Diderot, dès les années 70. Les activités sur l’égalité femmes-hommes concernent tous les acteurs de l’université, personnels et étudiant.e.s. Nous avons recruté récemment un personnel administratif qui gère à la fois les activités du Pôle mais également le prix Simone de Beauvoir dont Paris Diderot est partenaire.

FOCUS > Création de la CPED : conférence permanente des chargés de mission Egalité/Diversité des établissements publics d’enseignement supérieur et de recherche

 

3 questions à Laure Bonnaud, directrice du Pôle égalité femme/homme (PEFH) - Université Paris Diderot

1/ Quels sont les objectifs de ce rassemblement ? Pourquoi la création de cette Conférence ?

L’idée de se constituer en association a été portée depuis janvier par Isabelle Kraus, Chargée de mission à l’Université de Strasbourg. Nous avons été encouragé.e.s par la MIPADI (Mission de la parité et de la lutte contre les discriminations) dans le processus de constitution de la conférence dont les statuts viennent d’être finalisés début juin.
ll s’agit de faire un état des lieux de nos actions dans nos universités respectives et surtout de mettre en commun nos pratiques et de définir des objectifs communs en terme d’égalité femmes-hommes à l’université. Il nous parait important de rendre visible l’activité menée par les chargé.e.s de mission, afin de la faire progresser au niveau local et national et dans le but que les président.e.s d’université puissent s’approprier plus facilement cette thématique en l’affichant dans leurs orientations politiques.

2/ Quel est son mode de fonctionnement ?

Tous les établissements d’enseignement supérieur peuvent en être membres s’ils ont un.e chargé.e de mission pour mettre en place une politique égalité. Actuellement 17 universités ont été identifiées (sur plus d’une centaine d’établissement). Cela montre le chemin à parcourir en terme de prise en compte de l’Egalité à l’université.
La CPED est une association. Un bureau provisoire a été nommé et la présidente en est I. Kraus, de l’Université de Strasbourg, initiatrice de la Conférence. Elle est gérée administrativement par Paris Diderot. Chaque membre, l’établissement donc, représenté par sa-son chargé.e de mission, doit s’acquitter d’une cotisation. Nous nous réunissons tous deux fois par an et nous faisons le point sur les actions menées dans nos établissements : avons-nous atteints nos objectifs initiaux ? Quels sont les points de la charte égalité (votée par la CPU) que nous sommes parvenus à faire appliquer ? Quels sont les freins ?

Nous travaillons en relation étroite avec la CPU puisque Vincent Berger de l’Université Paris Diderot y a créé un Groupe Egalité, au sein de la commission des moyens, et il y porte un certain nombre de projets que nous défendons.

3/ Quels seront les premiers grands chantiers ?

Les grands chantiers sur lesquels nous allons travailler dans les prochains mois concernent tout d’abord la façon dont nous pouvons obtenir que les comités de sélections soient plus paritaires qu’ils ne le sont actuellement, et que les listes électorales présentent des femmes et des hommes en position alternée. Ces deux mesures figurent dans la motion de la CPU du 23 juin et nous y serons particulièrement attentif.ve.s à l’approche du renouvellement des conseils dans une grande partie des universités.

Ensuite, il y a la définition d’indicateurs que l’on puisse utiliser pour mesurer l’égalité professionnelle pour les personnels (Biatoss et enseignant-chercheur, enseignante-chercheuse). Enfin, nous travaillerons sur la formation des personnels et des étudiant.e.s puisque nous avons la chance dans les universités d’avoir une représentativité de la société d’aujourd’hui et de demain : la sensibilisation, la formation et l’information sont primordiales.

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