Propositions formulées en juillet 2000.


6 mesures à prendre si l'on veut augmenter de façon significative la mobilité étudiante en provenance de l'étranger dans l'enseignement supérieur français


1° Se mettre d'urgence à l'heure européenne et internationale en matière de calendrier de l'année universitaire : instituer une véritable semestrialisation de l'année, avec possibilité d'inscription administrative et paiement des droits universitaires à chaque semestre et pas seulement pour l'année entière, comme c'est le cas actuellement. L'exception française dans ce domaine est très pénalisante pour la mobilité étudiante. Avant d'être généralisée, cette possibilité pourrait être offerte tout d'abord aux étudiants en mobilité depuis ou vers l'étranger, pour éviter l'engorgement des services de scolarité. Cette réorganisation relève du Ministère de l'Éducation Nationale, elle ne pourra plus être longtemps différée. Il en est de même pour la mesure suivante.

2° Mettre en place à terme un dispositif d'accumulation des « credits », en complément du dispositif ECTS de transfert de « credits » utilisé dans la mobilité européenne. C'est un type de certification qui est adoptée par de nombreux pays, y compris par nombre de nos voisins européens, et qui permet une construction plus souple du parcours universitaire, donc une plus grande mobilité, mais c'est une remise en cause du concept actuel de diplôme.

3° D'autre part, il faut créer au plus vite des cursus tout ou partie en langue anglaise dans toutes les formations, c'est possible dans le cadre de la loi actuelle et relève de l'initiative des Établissements. C'est une mesure décisive pour augmenter significativement le nombre d'étudiants étrangers, en provenance notamment des grands pays d'Asie (Inde, Indonésie, Japon, Chine, etc) et d'Amérique du nord ; prévoir en parallèle un enseignement accéléré de Français langue étrangère (FLE). Loin de s'opposer à la défense de la langue française, cette mesure est la seule qui puisse contrecarrer à grande échelle les obstacles rédhibitoires de la barrière linguistique ; l'extension de cette mesure à l'Espagnol est également à encourager (cf Amérique latine et du nord) ; le séjour en France et le bain linguistique et culturel sont les meilleurs garants de l'apprentissage de notre langue par les étudiants étrangers.

4° Ne pas faire de la connaissance de la langue française une condition de la délivrance du visa à un étudiant étranger lorsque la discipline va être enseignée en Anglais ; des instructions en ce sens devraient être données aux postes diplomatiques par le Ministère des Affaires Étrangères, en accord avec le Ministère de L'Éducation Nationale ; la réglementation spécifique pour l'entrée des étrangers en 1er cycle doit notamment être modifiée. L'appréciation du niveau requis pour la langue de travail, qu'il s'agisse du Français ou de l'Anglais, relève des Établissements, les tests appropriés existent.

5° Organiser dès maintenant une deuxième rentrée universitaire en janvier-février pour les étudiants venant de l'étranger, ce qui d'ailleurs correspond au début du 1er semestre dans l'hémisphère austral (Amérique latine, etc&), en préfiguration de la mise en place de la semestrialisation administrative de l'année universitaire. Cela relève de la responsabilité des chefs d'Établissements.

6°Anticiper l'inscription des étudiants en mobilité depuis l'étranger un an à l'avance ; les Établissements devraient par exemple donner réponse à Noël au plus tard pour la rentrée de septembre suivant, car les décisions de partir loin sont souvent mûries longtemps à l'avance, sinon ces étudiants iront ailleurs.

En corollaire, démarrer plus d'un an à l'avance la campagne de pré-inscription des étudiants qui viennent de l'étranger par le portail EduFrance : en juillet de l'année N-1 pour une inscription en septembre de l'année N ; en novembre de l'année N-2 pour une inscription en février de l'année N.


Sans parler des aspects financiers, de la qualité d'accueil et du « guichet unique », on voit que le chantier de la mobilité est vaste, il est fondamental de le prendre dans sa globalité.

25 juillet 2000

Bernard Raoult

Président honoraire de l'université de Cergy-Pontoise

Président d'EduFrance

Retour

Newsletter de l'agence

Les dernières actus de l'Amue dans votre boîte mail ! Inscrivez-vous à notre newsletter.

Besoin d’informations ?

Vous êtes décideur ou correspondant prescripteur au sein d’un établissement ESR et vous souhaitez plus de renseignements sur notre offre de services

Contactez-nous