Une pincée de nouvelles technologies, quelques grammes d'effet de mode, mélangez avec une sérieuse simplicité d'utilisation et vous obtenez, en un tour de main, le phénomène blog dans votre ordinateur.

Une pincée de nouvelles technologies, quelques grammes d'effet de mode, mélangez avec une sérieuse simplicité d'utilisation et vous obtenez, en un tour de main, le phénomène blog dans votre ordinateur.

Apparus timidement il ya quelques années, développés et simplifiés devant la demande grandissante, les blogs envahissent les cours d'écoles, médias et conversations entre amis.

Qu'est ce qu'un blog ?

On désigne souvent par cette contraction de web et log (journal de bord) un système permettant de publier textes, photos, vidéos et sons , sur Internet, simplement et sans connaissances informatiques.

C'est ici que réside la révolution : la simplicité. Si vous savez écrire un mail alors vous savez publier sur Internet.

Vous pouvez recourir aux services d'une plate-forme gratuite, payante ou installer vous même votre blog sur un serveur pour le gérer de A à Z.

La publication se fait selon la méthode suivante : tous les articles sont classés en une colonne, le plus récent en haut. Chaque article peut faire l'objet, ou non, de commentaires de la part des lecteurs.

Le blog d'Emmanuel Davidenkoff, journaliste " éducation" à Libération, est un exemple typique de cette forme particulière de hiérarchisation de l'information.

Quel intérêt ?

Ce que vous y écrivez ! Si vous voulez décrire quotidiennement la croissance de votre plante, libre à vous. Cela risque seulement de manquer de palpitant.

Par contre, si vous voulez parler de votre thèse, de votre département de mathématiques appliquées ou livrer au monde entier votre peur devant la mise en place de la LOLF, rien de plus simple. Utilisez un blog.

Certains professionnels de l'enseignement supérieur se sont lancés dans l'aventure avec des buts divers et se rejoignent souvent sur des terrains communs quand aux retours d'expérience.

Act'u les a interviewés pour découvrir quelle utilité pourraient retirer d'autres professionnels de l'utilisation de ce type de médium.

Toutes et tous sont d'accord sur un point. Il n'y a aucune difficulté particulière dans l'utilisation d'un blog et il y a peu voire pas de retours négatifs à son utilisation.

 

Pourquoi ont-ils un jour choisi de publier sur internet ?

Pour Baptiste Coulmont, enseignant-chercheur en sociologie (Religion / Pratiques Sexuelles) à Paris 8, le blog est arrivé en 2003. "J'utilise cet outil plutôt qu'un site web classique car la méthode de publication est plus aisée, l'actualisation des informations plus facile" explique t-il.

D'abord doté d'un site web depuis 1995 ce jeune chercheur a ensuite décidé de passer au blog pour publier plus régulièrement et facilement. "Le blog me sert à tester des hypothèses, des formes non validées de réflexion. C'est un stade intermédiaire de la réflexion, une sorte de petit laboratoire où je teste des idées en essayant de les formaliser par écrit. Cela me permet de voir quelles pistes mènent vers une impasse ou celles qui méritent d'être développées"

Ayant deux axes de recherche, religion et pratiques sexuelles, on s'étonne que la majorité des articles de son blog soit dédiés à la sociologie des pratiques sexuelles. "J'ai remarqué que mes notes concernant cette partie de mes recherches étaient plus lues que celles concernant la sociologie des religions" annonce t-il en souriant. Plus sérieusement le blog vient aussi combler un déficit d'informations sur la question puisqu'il y a en France "beaucoup plus de spécialistes en sociologie des religions que sur la question des pratiques sexuelles" précise Baptiste Coulmont en rappelant que ce qui compte au sein de la discipline, évidemment, ce sont les publications dans les revues spécialisées et non des articles sur un blog.

 

Un outil pédagogique.

Jean Paul Pinte, enseignant chercheur à Lille 1, anime un blog personnel où il parle principalement de veille sur les nouvelles technologies éducatives mais enseigne aussi à ses étudiants à tirer profit de cet outil pour leurs travaux.

"Au début j'ai voulu, avec mes étudiants, publier sur internet nos travaux" explique t-il, "mais nous rencontrions de nombreux problèmes de référencement ou de coût de publication. En mars 2005 j'ai créé mon premier blog et je me suis rapidement aperçu de la qualité de son référencement. J'ai ensuite utilisé cet outil avec mes étudiants et je l'ai complètement intégré dans ma démarche pédagogique"

Les étudiants de Jean Paul Pinte créent des blogs selon leurs projets et publient leurs travaux. "Les sujets d'étude qui font l'objet de publication sur des blogs sont ensuite l'objet d'évaluations" précise l'enseignant.

 

Partager son expérience et s'informer entre professionnels.

Marlène Delhaye et Nicolas Morin animaient le blog Biblioacid à quatre mains.

Ils ont récemment décidé d'arrêter l'aventure.

Bibliothécaires, ce blog leur servait à informer leurs homologues sur l'actualité technologique et juridique de leur profession.

Biblioacid vient de fermer ses portes (les articles restent consultables), notamment par manque de temps des rédacteurs. "Ce projet était financé sur nos fonds propres et sur notre temps personnel. C'était une initiative privée, pour parler de sujets professionnels" confie Nicolas Morin.

Selon Nicolas Morin "il n'y a pas beaucoup de collaboration entre les BU en France. Il n'y pas vraiment de communication sur des question simples et pratiques pour savoir ce que les autres font dans les bibliothèques, la vie professionnelle concrète de tous les jours. Ce type de publication nous a permis d'échanger avec des collègues"

"A la différence d'un certain nombre de nos collègues Marlène et moi sommes bilingues anglais" ajoute Nicolas Morin, "nous manquions d'informations sur ce qui se faisait en bibliothéconomie hors de France et notamment aux USA ou en Angleterre. En cherchant cette information nous nous sommes abonnés à des blogs de bibliothécaires américains. Les professionnels outre-Atlantique ont eu recours plus massivement et plus rapidement à ces outils que sont les blogs pour parler ouvertement de leurs expériences. Ils ont une culture de publicité de leur activité beaucoup plus développée qu'en France. Ils n'hésitent pas à mettre à disposition des documents de travail pour les partager avec leurs homologues qui pourraient en avoir besoin.
"

Nous avons souhaité répercuter en France et en Français les débats internationaux en bibliothéconomie qui se déroulaient aussi sur ces blogs aux USA. Ce qui a donné naissance à Biblioacid

Un outil de communication au service de l'université.

Manuel Canévet est directeur de cabinet du président à l'Université de Nantes et en charge de la communication. Il anime le blog "Toujours Plus".

"J'assure une veille sur Internet concernant ces problématiques relatives à la communication. Le phénomène des blogs ne m'a pas échappé et j'ai décidé d'en créer un orienté métier. J'ai constaté que cela se faisait peu au sein de l'enseignement supérieur. Il existe des blogs d'enseignants chercheurs dédiés à des thématiques particulières mais peu de professionnels de l'administration ou engagés dans le pilotage des établissements communiquent sur leur métier. A l'inverse cela se fait plus dans le secondaire"

 

Quels sont les impacts et les retours des lecteurs inhérents à cette pratique ?

Tous répondent d'une même voix : la visibilité. Publier ses travaux, ses réflexions ou informer par le biais d'Internet grâce au blog permet une publicité importante.

Pour Baptiste Coulmont, de Paris 8, les impacts sont surtout "journalistiques".

"Je suis passé sur France 3 et j'ai été invité à Singapour pour un colloque. Les organisateurs cherchaient à remplacer un de leurs invités et comme j'ai une bonne visibilité sur Internet ils ont trouvé mon nom. J'ai créé pour le département de sociologie de paris 8 un blog qui présente l'actualité du département ainsi que les chercheurs et des détails pratiques. Cela sert notamment aux étudiants pour savoir qui est qui dans le département, mettre un visage sur un nom"

Grâce à ce site des enseignants ont été contactés par des journalistes. "Cela permet aussi d'assurer une meilleure visibilité des compositions des commissions de spécialistes, de publier le classement des candidats"

 Pour Nicolas Morin de Biblioacid "l'effet blog" a aussi été perceptible "ça m'a permis de développer un réseau" précise t-il, "on m'a invité dans des groupes de réflexion, groupes de travail ou journées d'étude. Cela a rejaillit sur l'université qui, par mon entremise, s'est vue invitée dans des groupes de travail au sein du consortium Couperin par exemple. Je ne sais pas si cela aurait été le cas sans cette activité avec le blog Biblioacid". Marlène Delhaye, devenue "marlène de Biblioacid" auprès de ses collègues parle d'un des "aspects les plus enrichissant du blog, le retour des lecteurs. Ca permet de rencontrer des gens, voire de travailler sur des sujets communs".

Jean Paul Pinte, à Lille 1, analyse l'impact de l'utilisation des blogs à travers les réactions de ses étudiants. Comme le référencement de ces publications est de qualité les lecteurs intéressés par les sujets traités trouvent aisément leur chemin vers les blogs des étudiants. Les articles pouvant être commentés, les retours et critiques viennent encourager élèves de Jean Paul Pinte à défendre leurs idées, leurs écrits face au public. Pour l'enseignant "cela donne une autre dimension" au travail de ses élèves.

Un outil à manipuler avec précaution mais qui peut aider à échanger ou communiquer.

"Ce n'est pas un outil anodin" avertit Nicolas Morin qui cite l'exemple de conservateurs de bibliothèque stagiaires qui parlaient un peu trop ouvertement des bibliothèques qui les recevaient en stage. On leur a demandé de fermer leurs blogs. "Le tout est d'avoir quelque chose à dire et d'être à l'aise avec ce type d'outil" avance Marlène Delhaye, "s'il ne s'agit que d'en faire un outil de marketing, ça risque de ne pas marcher"

Manuel Canévet, du blog Nantais Toujours Plus, "conseille vraiment" aux professionnels de l'enseignement supérieur de se lancer dans l'aventure. "Autant les professionnels du secondaire sont très actifs sur ce sujet autant cela n'existe pas ou peu dans le supérieur. Peu de personnes utilisent des blogs pour une approche métier. C'est dommage, de nombreuses instances au sein de l'université comme le conseil scientifique ou d'administration pourraient y trouver une utilité, comme les présidents d'ailleurs"

Jean Paul Pinte tente aussi de convaincre ses collègues à s'intéresser à cette question des blogs et plus largement à la gestion de l'information sur Internet. "Nous sommes en réalité en train de perdre toute cette notion de partage de l'information, de société du savoir qui devait arriver avec Internet parce qu'on sait peu se servir de cet outil. Au sein de mon université, sur 800 enseignants 50 seraient susceptibles d'être intéressés. Par contre pour les 750 autres c'est un problème de culture, ils ne sentent pas le vent tourner"

"Les problèmes de plagiat qui commencent à se poser pourraient être résolus par des échanges avec des enseignants maîtrisant le sujet, qui pourraient leur faire comprendre que ce n'est pas avec cette méthode qu'ils pourront apprendre" propose Jean Paul Pinte qui encourage ses collègues à "utiliser les blogs pour réunir les étudiants et venir au centre du savoir. Cela permet de récupérer la motivation des jeunes qui voient un autre impact donné à leur travail. C'est un peu compliqué au début pour les convaincre et leur apprendre mais les résultats en valent la peine"

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