La plupart des journaux consacraient dans leurs éditions des 9 et 10 mars de nombreux papiers à la démission des chercheurs annoncée le mardi 9 mars en milieu de journée.


Outre le récit de la journée d'hier, avec la réunion des chercheurs à l'hôtel de ville et le dépôt en procession des démissions au Ministère de la recherche, de nombreuses personnalités ont été interrogées à cette occasion.

Axel Kahn fustige "le prêt-à-penser ultralibéral" du gouvernement

Libération ouvre ses colonnes au généticien Axel Kahn, qui succède ainsi à Jean-Pierre Raffarin. Le premier ministre avait la veille, accordé un entretien au quotidien de Serge July. Pour le directeur de l'institut Cochin, "Si les démissions sont refusées sans qu'une réponse satisfaisante soit donnée aux revendications concernant l'emploi scientifique et universitaire, l'étape supplémentaire sera celle d'une grève administrative qui pourrait, dès lors, bloquer la totalité du système de recherche, et peut-être de l'enseignement supérieur dans ce pays."

Aux journalistes qui lui rappelaient les déclarations du Premier ministre selon lesquelles "les dépenses des laboratoires sont au plus haut", Axel Kahn a répondu par une invitation: "J'invite le Premier ministre à venir à l'Institut Cochin (…)Il pourra observer, par rapport à 2001, que nos crédits publics ont diminué d'environ 10 % en 2002, et encore de 10 % en 2003."

Quant à l'affirmation de M Raffarin selon laquelle le gouvernement aurait fait "un certain nombre de gestes très significatifs", le chercheur réplique : "cramponné de façon pathétique à son prêt-à-penser ultralibéral pour lequel la compétitivité implique l'intermittence et la précarité, le gouvernement a refusé de rétablir l'essentiel des postes statutaires supprimés dans la recherche et l'enseignement supérieur."

François d'Aubert lance un appel aux chercheurs

Dans les colonnes du Figaro, François D'Aubert, député-maire (UMP) de Laval et ancien secrétaire d'état à la recherche, lance un véritable cri du cœur : "Chercheurs, ne démissionez plus !" s'exclame-t-il. Selon lui, la priorité va à une réforme de la recherche. Et l'élu d'en décrire les modalités. "D'abord, le gouvernement, en association avec le Parlement, doit pouvoir orienter la recherche et donner des impulsions stratégiques par le biais de financements additionnels. Pour cela, la structure et les attributions du ministère de la Recherche doivent être pérennisées. Le ministre doit pouvoir s'appuyer sur un seul et unique comité scientifique codécisionnaire des dotations prioritaires. Ces financements doivent être attribués en priorité à des équipes constituées ad hoc, détachées des laboratoires de recherche publics et privés dans lesquels elles travaillent." Deuxième point soulevé par François d'Aubert : "Les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST), parmi lesquels le CNRS, l'Inra ou l'Inserm, doivent avoir en permanence une ambition réformatrice. Des procédures incontestables de contrôle de gestion et d'efficacité doivent être régulièrement établies ; parce que la recherche est mondiale, ces procédures doivent s'inspirer des meilleures pratiques des pays étrangers."

Selon l'ancien secrétaire d'état, la réforme tourne autour de deux concepts : "transparence et responsabilité". Evoquant les propositions émises par le gouvernement, François d'Aubert rappelle enfin qu' "il me semble que tous ces éléments sont aujourd'hui réunis. L'effort budgétaire est exceptionnel : 3 milliards d'euros d'ici à 2007. L'engagement pluriannuel assure aussi la viabilité des projets mis en oeuvre. La réforme est lancée, soutenue par les moyens nécessaires (…)"

Alain Trautmann se félicite d'une prise de conscience des Français

Ce n'est évidemment pas le point de vue d'Alain Trautmann interviewé dans l'Humanité peu avant l'annonce de la démission. Pour le porte-parole de "Sauvons la recherche !" , "Les 3 milliards de Raffarin sont une autre formulation des 3 % du PIB consacrés à la recherche qu'on nous promet depuis 2000. On a vu ce qu'il en était. Au lieu de la nécessaire augmentation de 10 % des crédits, il y a eu 10 % de diminution."

Néanmoins, il tire un bilan positif de la mobilisation de ces derniers mois : "(…)les Français (…)comprenaient qu'il ne s'agissait pas d'un combat corporatiste, mais que les chercheurs défendaient un bien public. Faire passer ce message à l'ensemble de la nation, c'est déjà une victoire très importante. Nous sommes dans une position où nous pouvons envisager la suite, c'est-à-dire les états généraux. Ces deux mois de lutte où les chercheurs ont redressé la tête et la période qui suit où nous allons pouvoir proposer et construire, tout cela est un seul mouvement" indique-t-il.

Et Bertrand Delanoë soutient les chercheurs

Les chercheurs ont pu constater le soutien d'un citoyen pas comme les autres : Bertrand Delanoë, maire de Paris, leur avait effectivement ouvert les portes de l'Hôtel de Ville pour leur réunion. Récupération? Alain Geismar, conseiller du maire de Paris pour la recherche s'en défend dans le Parisien : "Les chercheurs m'ont parlé, il y a une huitaine de jours, de leurs difficultés pour trouver une grande salle, évidemment gratuite, pour leur AG. On leur a donc proposé de les accueillir. Après tout, l'Hôtel de Ville est d'abord la maison des parisiens. "

Selon le quotidien francilien, le maire de Paris a également signé une lettre dénonçant "l'autisme" du gouvernement et demandant de "faire de la recherche une priorité".

 

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