Gilbert Béréziat, président de Paris VI

Gilbert Béréziat, président de Paris VI

La première journée a été un peu perturbée. Mais forcément, ces débats se déroulent dans un contexte un peu particulier…

Pour moi, l'une des questions de fond a été "comment faire pour qu'une université devienne visible à l'étranger?".

Il est clair qu'il existe de très grandes difficultés des activités de recherche. Elles sont liées à la dispersion. Dispersion des moyens tout d'abord puisque la plupart des laboratoires doivent chercher leurs financements auprès de plusieurs organismes, ce qui multiplie les obstacles. Pareil, il n'existe aucune unicité en termes de pilotage.

A Paris VI, les chercheurs sont inquiets. Les plus soucieux, ce sont les jeunes thésards. Le nombre d'emplois créé dans l'industrie ne suffit pas. Or 80 % des thésards ne sont pas recrutés comme chercheurs. On détruit de l'emploi sans en recréer. Les thésards risquent de se diriger vers des postes sous-qualifiés. Dans une université comme la mienne, nous sommes dans une période de fort recrutement mais nous n'embauchons pas forcément nos thésards ! Il n'existe pas de politique endogamique.

Se pose aussi le problème de la dispersion des statuts. Imaginez que dans un même laboratoire, on trouve des chercheurs qui appartiennent à des organismes différents, des ingénieurs, des hors-statuts…Pour moi, le statut unique est inéluctable. On ne peut pas avoir des enseignants-chercheurs qui ont le double de travail d'un chercheur !

Frédéric Dutheil, président de Bordeaux III

Ce colloque a été un vrai succès en terme de participants. Evidemment la question a suscité beaucoup d'intérêt. Les organismes de recherche étaient présents. On sentait un besoin de se parler franchement et de confronter les points de vue.

J'ai été étonné de la qualité et de la franchise des propos. La plupart des intervenants ne faisaient pas de langue de bois.

Il y a eu des thèmes forts comme la question de l'empilement des institutions dans la recherche, la dispersion des organismes qui ont une grande indépendance.

J'ai noté une certaine incompréhension sur la notion de site, d'excellence et de pôle d'excellence.

Mais il y a aussi eu une véritable volonté de consensus. L'unicité du statut du chercheur est un point important.

En ce sens, il n'y a rien de mieux qu'une crise pour faire comprendre la nature du problème aux acteurs et aux spectateurs. Car a-t-on pensé à expliquer à la population à quoi sert le chercheur?

Il faut que les gens comprennent que la crise de la recherche n'est pas un simple mouvement de mauvaise humeur.


Eric Froment, président de l'EUA

Partout en Europe existe ce débat sur la recherche. Le retentissement et l'écho médiatique sont notamment dûs à la question des 3% du PIB.

Les universités sont évidemment partie prenante de ce débat. A l'EUA, nous avons une action mobilisatrice qui vise à les faire participer le plus possible. Car il ne faut surtout pas enfermer cette question au plan national. Bien sûr, il n'existe pas une "bonne" solution à la crise mais il est essentiel de voir les mesures mises en œuvres ailleurs. A l'EUA, nous nous focalisons sur la formation doctorale. On trouve des appels d'offre sur notre site. Il faut montrer que l'on ne s'occupe pas que du L et du M mais aussi du D.

En mars se tiendra à Maastricht une conférence organisée par l'EUA sur le rôle des universités en matière de recherche. Le choix de la ville n'est pas le fait du hasard. La Hollande va succéder à l'Irlande à la présidence de l'UE et beaucoup de choses vont se décider durant la présidence néerlandaise. C'est donc une façon de montrer que les universités sont préoccupées. La caisse de résonance sera peut être ainsi un peu plus forte.

 

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