Texte adopté à l’unanimité par la CPU en séance plénière exceptionnelle le jeudi 6 janvier 2005

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La capacité de la France à rester dans le peloton de tête des pays développés, à demeurer créative, et par conséquent à maintenir son modèle social, est liée à ses capacités de recherche, tant fondamentale qu'appliquée, et d'innovation.

En 2004, différents rapports ont conclu avec une remarquable convergence sur deux points :

  • la nécessité urgente d'augmenter les moyens consacrés à la recherche et à l'enseignement supérieur ;

  • la place centrale que les universités doivent occuper dans ce dispositif public, comme partout en Europe.

  • Beaucoup de responsables sont d'accord sur cette vision, mais doutent encore que les universités puissent être, aujourd'hui, des opérateurs de recherche responsables et autonomes. A ceux qui disent « une révolution est impossible », les présidents rappellent la formidable mutation de leur offre de recherche et la réorganisation des diplômes Licence Master Doctorat (LMD) que les universités viennent de réussir. Ils affirment leur volonté d'acquérir les moyens de leur autonomie. Moyennant quelques évolutions, qu'ils demandent unanimement, ils sont prêts à assumer leurs responsabilités et à s'engager sur des résultats tangibles.

    Plus généralement, est-il possible que la recherche française fasse un bond qualitatif et quantitatif significatif en conservant son organisation actuelle ? Non !

    Certes, le système actuel de la recherche a permis à la France d'obtenir d'incontestables réussites. Construite depuis les années 50, par créations successives d'organismes (CNRS, CEA, INRA, INSERM…) aux statuts juridiques variés, plus ou moins spécialisés, et de tailles inégales, une mosaïque s'est mise en place à côté des universités, jugées à l'époque trop peu novatrices. On hérite aujourd'hui, d'un système complexe, paradoxalement à la fois hyper-centralisé et morcelé, et conduisant à un gaspillage considérable de temps et de moyens. Ce système n'a pas d'avenir. Plutôt que multiplier les structures, il faut simplifier !

    Les universités sont-elles prêtes ?

    Oui ! Avec plus de 53000 enseignants-chercheurs, 58000 personnels techniques et administratifs, 60000 doctorants, les universités sont dans une position forte, voire dominante, dans la plupart des disciplines. Il est donc inconséquent de ne pas leur transférer la gestion administrative et scientifique des domaines de recherche pour lesquels le lien avec des besoins de formation est évident, comme cela se fait dans le monde entier. On y observe en effet que les universités, opératrices de recherche, créent, gèrent et animent (éventuellement en partenariat) des laboratoires qui obtiennent d'elles, directement ou indirectement, leurs financements publics, à côté d'autres fonds provenant d'une ou plusieurs agences de moyens.


    Pour atteindre cet objectif, voici les 5 points que nous proposons ici :

    1) Nous sommes particulièrement attachés au maintien et au développement de la recherche fondamentale. Nous sommes également persuadés qu'il faut poursuivre une stratégie favorisant l'application des résultats scientifiques, la valorisation des découvertes et le transfert technologique. Nous continuerons nos efforts tant en recherche fondamentale qu'en recherche appliquée , et pour cela nous demandons des moyens humains (plan pluriannuel de recrutement d'enseignants-chercheurs et de personnels techniques et administratifs) et des moyens financiers. Nous demandons aussi la simplification des procédures de gestion. Les universités doivent rapidement devenir les gestionnaires principaux, voire exclusifs, de leurs laboratoires.

    2) Les universités doivent pouvoir mener des politiques scientifiques autonomes dans le cadre des priorités nationales. Les dotations recherche seront bientôt affectées globalement à chaque université. Celles-ci décideront de leurs répartitions. Nous nous engageons donc à mettre en place des procédures d'expertise permettant une attribution efficace et réactive de ces crédits, à faciliter la mise en place de nouvelles équipes, et à favoriser la qualité, en nous appuyant notamment sur une évaluation indépendante.

    3) L'une des critiques fortes faites aux universités porte sur le manque d'ouverture de leur recrutement. Ces critiques sont largement infondées (46% des professeurs et 70% des maîtres de conférences recrutés viennent d'une autre université). Mais nous nous engageons sur la qualité encore plus forte de nos recrutements et sur son évaluation.

    La condition indispensable à cette politique est une revalorisation des carrières des enseignants-chercheurs et des autres personnels (le nombre des personnels techniques et administratifs d'appui à la recherche doit de plus être considérablement augmenté) . La précarité des débuts de carrière (jeunes chercheurs avant recrutement) est d'ailleurs, ici, un facteur négatif. Par ailleurs, les enseignants-chercheurs qui le souhaitent doivent pouvoir moduler leurs activités d'enseignement et de recherche au long de leur carrière, en particulier au début de celle-ci.

    Enfin, la distinction entre deux types d'emplois, chercheurs d'une part (dans les organismes), enseignants-chercheurs d'autre part (dans les universités), ne sera compatible, à terme, ni avec la souplesse nécessaire aux évolutions tout au long des carrières, ni avec la mise en place d'une ou plusieurs agences de moyens, ni avec l'évolution vers un statut du chercheur européen, chercheur qui sera de fait, aussi, enseignant. Il s'agit d'envisager une évolution progressive et réaliste rejoignant le standard international des carrières scientifiques.

    4) Nous sommes déterminés à créer, chaque fois que les établissements le jugent utile, des pôles de recherche et d'enseignement supérieur (PRES), pluridisciplinaires. Les universités doivent s'engager dans un mouvement de structuration qui vise à faire émerger des entités équivalentes aux grandes universités européennes en fédérant les efforts des établissements d'une même ville, d'une académie ou d'une région (voire de deux régions). Chaque PRES sera un partenaire évident pour les régions et un acteur essentiel des pôles de compétitivités qui se mettront en place. Nous souhaitons que la loi en préparation facilite les expérimentations dans ce domaine, sans contraintes excessives. Nous nous engageons à dresser un bilan à 5 ans de ces expérimentations.

    5) Il faut enfin abandonner le système actuel dans lequel des instances différentes d'évaluation travaillent sans se parler et sans grande cohérence finale. Les laboratoires, quel que soit leur statut, doivent être évalués par la même instance indépendante de tout organisme. La CPU souhaite que, rapidement, chercheurs et enseignants-chercheurs voient leurs activités de recherche évaluées sur les mêmes critères de qualité. Nous nous engageons, parallèlement, à mettre en œuvre, dans nos établissements, les procédures nécessaires d'auto évaluation, régulières et obligatoires.

    Ce que nous demandons, tient donc en 5 points :

  • 1) Une augmentation importante des moyens humains et financiers ;

  • 2) Une dotation recherche globale par université ;

  • 4) La création facilitée de PRES, pluridisciplinaires ;

  • 5) La mise en place d'un système national d'évaluation, unique, indépendant, transparent .

  • En contre partie, nous nous engageons sur :

  • 1) L'amélioration de nos performances de gestion, en particulier pour le transfert des résultats de la recherche vers le secteur productif, et globalement, vers la société ;

  • 2) Des modalités de dotation aux laboratoires motivant la créativité et consacrant la qualité ;

  • 3) Un recrutement de haute qualité, ouvert sur l'extérieur et attractif à l'international ;

  • 4) Une meilleure organisation des pôles universitaires, améliorant leur lisibilité et leur attractivité ;

  • 5) Des procédures d'auto évaluation permanentes .

  • Texte adopté à l'unanimité par la CPU en séance plénière exceptionnelle le jeudi 6 janvier 2005

     

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